On n’est pas condamné à se taire
Voilà le chant des citoyens,
Vivre libre comme Césaire,
Ibn Khaldun ou Avicenne.

Parce que la vie est un combat,
Contre la haine et ses souffleurs,
Ceux qui s’érigent en porte-voix,
D’un Dieu qu’ils trahissent tous en chœurs.

Ils se posent en porte-parole,
En savants ou experts de la foi,
Ils ne font que jouer le rôle
Qu’aucun Dieu ne leur confiera.

Vivre libre est si précieux,
Tant d’hommes se sont battus pour ça,
Aujourd’hui j’ai dans le fond des yeux,
L’encre noire du « plus jamais ça ».

Oui c’est ici que j’ai grandi,
Que j’ai appris, que j’ai aimé,
LIBRE de penser dans un pays
où chacun-chacune peut s’exprimer.

Pourquoi la haine, le bruit, le feu,
Pourquoi les armes, pourquoi la mort ?
Mais que penseraient mes aïeux,
S’ils découvraient notre triste sort ?

Si-enseigner rime avec danger,
Que vont devenir nos écoles ?
Si enseigner n’est plus éclairer,
Alors notre destinée sera folle.

On n’est pas condamné à se taire,
Voilà le chant des citoyens,
Vivre libre comme Césaire,
Ibn Khaldun ou Avicenne.

Je m’appelle Samuel Paty,
L’obscurantisme j’ai bravé,
Je n’avais en fait qu’un seul souci :
Apprendre à mes élèves à penser.

A l’esprit libre, je les convertis,
A l’amour je les convertis,
Au partage, je les convertis,
Leur apprendre à vivre : je me suis promis.

Ce matin d’octobre dans la brume du jour,
Alors que la radio nous parlait de Charlie,
J’avais choisi de faire un cours,
Dans le plus profond des respects.

Chacun est libre de choisir sa vie,
De dire : je crois ou ne crois pas,
A Penser debout, droit comme un i,
A être un homme libre je crois !

Je m’appelle Samuel Paty,
Je ne suis pas aventurier,
Et si je m’aventure dans la vie,
C’est sur les chemins de la pensée.

Samuel Paty, pas mécréant,
Un petit prof d’un coin de France,
Je parle de la vie aux vivants,
Je fais des promesses à l’enfance.

Samuel Paty, un enseignant,
Je n’ai rien vu venir, rien entendu,
Lorsque des corbeaux noirs assoiffés de sang,
Sur ma voix se sont abattus.

On n’est pas condamné à se taire,
Voilà le chant de Samuel,
Permettre de débattre au pays des lumières,
C’est offrir à un papillon des ailes.

Je vous salue Monsieur Paty,
Au nom de mes potes enseignants.

Ahmed Nordine TOUIL
Formateur-chercheur à l’IREIS Rhône-Alpes